Garder fidèlement le souvenir de Dieu
Lorsqu'ils s'efforcent de garder le souvenir de Dieu, les saints marchent dans le vide, sur des cordes tendues dans l'air
Je comparerais volontiers les saints, et non sans justesse, aux danseurs de corde, vulgairement appelés funambules. Lorsqu'ils s'efforcent de garder fidèlement le souvenir de Dieu, ne semble-t-il pas qu'ils marchent dans le vide, sur des cordes tendues dans les hauteurs de l'air? Or, les funambules, qui jouent leur vie sur un passage aussi étroit, ne doutent pas que la mort ne les attende, cruelle, instantanée, si le moindre défaut d'équilibre vient à les faire dévier et quitter la direction d'où dépend leur salut. Tandis qu'avec une habileté merveilleuse, ils dirigent péniblement leur marche aérienne, quelle prudence, quel soin ne leur faut-il pas à tenir ce sentier plus étroit que le pas d'un homme! Autrement, la terre, qui est pour tous la base naturelle, le fondement solide et sûr, devient leur perte immédiate et manifeste. Non qu'elle change de nature, mais parce qu'ils y sont précipités par le poids de leur corps.
Jean Cassien, Conférences 23,9