Ne sommes-nous pas tous frères?
Ne dépendons-nous pas tous les uns des autres? Grande doit être notre pitié pour nos frères et pour ceux qui partagent notre foi
Frères, est-ce que nous ne dépendons pas tous les uns des autres? Est-ce que nous ne sommes pas d'un seul sang? De la même terre? Qui n'est pris de pitié en voyant une bête de somme emportée dans un précipice? Combien plus grande, certes, doit être notre pitié pour nos frères et pour ceux qui partagent notre foi. C'est pourquoi le bienheureux Apôtre pleurait sur « les ennemis de la croix du Christ » (Ph 3, 18), priant « dans une douleur incessante de son coeur » (Rm 9, 2) ; c'est pourquoi le prophète Jérémie se lamentait sur Israël et il a laissé par écrit des lamentations variées ; c'est pourquoi le grand Moïse criait à Dieu :« Si tu leur pardonnes leur péché, pardonne ; sinon, efface aussi mon nom de ton livre » (Ex 32, 32). Et, bien sûr, chacun des saints, pris de la même compassion, priait pour les autres. Donc, nous aussi, si nous nous plaisons à marcher à leur suite, n'observons pas seulement ce qui nous concerne nous-mêmes, mais par pitié prions pour le monde, ayant compassion de ceux qui vivent dans une vie pervertie, de ceux qui s'affermissent dans les hérésies, de ceux qui ont été entraînés dans l'erreur, des païens qui vivent dans les ténèbres, bref, de tous les hommes, selon la recommandation de l'Apôtre de faire des prières et des supplications. Ainsi, avant de rendre service aux autres, nous nous rendons service à nous-mêmes en étant transpercés de douleur et en nous purifiant de toute pratique passionnée.
Théodore Stoudite, Petites catéchèses 52