25 Janvier
CONVERSION DE SAINT PAUL APOTRE
Les Églises d’Occident font aujourd’hui mémoire de la conversion de Saul de Tarse, événement d’une importance capitale pour l’histoire de l’Église.
Saul, un juif de Cilicie, élève de Rabbi Gamaliel, six ans environ après la mort et la résurrection de Jésus, se rendait à Damas pour ramener à Jérusalem, enchaînés, les disciples de la « voie » du Christ, quand il se sentit saisi par le Seigneur ressuscité et vivant. Alors sa vie changea radicalement de sens.
Après cette expérience extrêmement personnelle, Saul fut renvoyé à l’Église locale de Damas pour y recevoir la plénitude de l’Esprit et acquérir une vision adulte de la foi. C’est ainsi qu’il parvint à comprendre le sens de la très singulière manifestation que le Christ, par grâce, avait voulu lui accorder. Saul, devenu désormais « l’apôtre Paul », reconnut que le Seigneur l’appelait à annoncer aux nations ce que lui-même définira comme « la Parole de la croix » (1Co 1,18).
Pour Paul, la croix est le mystère dans lequel se dévoile à tous les hommes la sagesse annoncée dans les Écritures d’Israël et désormais révélée par la volonté de Dieu : mystère de la réconciliation cosmique à laquelle conduit l’abaissement jusqu’à la mort la plus infamante, accepté par le Messie par amour des hommes, alors même qu’ils sont encore ennemis de Dieu.
Pour cette raison, à partir de sa conversion, bouleversé par la miséricorde du Christ crucifié par amour, Paul perçoit comme son unique mission celle d’annoncer l’Évangile à tous les peuples de la terre.
La fête de ce jour apparut en Gaule au VI è siècle déjà ; elle s’étendit à tout l’Occident à partir du XI è siècle.
Lecture
C’est vraiment à juste titre, bien-aimés, que la conversion du Docteur des nations (1Tm 2.7) est célébrée par l’ensemble des nations aujourd’hui dans une joie festive (...). Voici alors le motif pour lequel on rappelle régulièrement la mémoire de sa conversion : il se révèle utile aussi pour ceux qui en marquent le souvenir.
Dans cette mémoire, le pécheur lui-même sent poindre en lui l’espérance du pardon, ce qui le pousse à la pénitence. Quant à celui qui fait déjà pénitence, il reçoit à cette occasion le modèle de la parfaite conversion.
Qui pourrait continuer à désespérer – quelle que soit l’énormité de son crime – quand il entend rapporter que Saul, ne respirant encore que menaces et meurtres contre les disciples du Seigneur (Ac 9.1), est devenu sur-le-champ un instrument de choix (Ac 9.15) ? Qui pourrait, écrasé sous le poids de son iniquité, continuer à dire : « Me relever pour m’efforcer maintenant de mieux vivre, je n’en suis pas capable », alors que, sur le chemin même où, assoiffé du sang des chrétiens, et répandant à plein cœur son redoutable venin, le plus acharné des persécuteurs fut changé pour devenir le plus fidèle des prédicateurs ?
Bernard de Clairvaux, Sermon pour la Conversion de saint Paul, 1
Prière
Dieu de vérité, qui as fait resplendir parmi les nations la lumière de l’Évangile par la prédication de l’apôtre Paul, nous te rendons grâce pour sa conversion et te prions de nous faire vivre de la foi en Christ, selon le témoignage que l’Apôtre nous a laissé. Par le Christ, notre unique Seigneur.
Lectures bibliques
Jr 1,4-10 ; Ac 22,3-16 ; Mc 16,15-18
GREGOIRE DE NAZIANZE LE THÉOLOGIEN
(330-389/390)
père de l’Église et pasteur
Grégoire naquit à Arianze, en Cappadoce, vers 330. Son père, juif converti au christianisme, était devenu évêque du diocèse voisin de Nazianze.
Après avoir terminé ses études dans diverses grandes villes de l’époque, Grégoire reçut le baptême à Constantinople et rejoignit son ami Basile à Annesi pour partager avec lui la quête de Dieu dans la solitude. En 361, toutefois, il fut contraint de quitter la quiétude du monastère pour aider son père dans le gouvernement du diocèse de Nazianze.
Une fois devenu évêque, Basile songea à son ami pour le nouveau diocèse de Sasime. Grégoire ne fut en rien heureux de cette nomination épiscopale et ne prit jamais possession du diocèse : il resta auprès de son père et, à la mort de ce dernier, se retira au monastère. Mais sa vie changea encore quand, en 379, il fut nommé évêque de la petite communauté orthodoxe de Constantinople, ville alors sous domination arienne. Grégoire se rendit dans la capitale et y ouvrit l’église de l’Anastasis ; il y prononça des sermons d’une extraordinaire valeur théologique et littéraire, au point de mériter le titre de « théologien », que l’Église byzantine ne réserve qu’à un très petit nombre de prédicateurs.
À l’ouverture du Concile de Constantinople, Grégoire y assuma la présidence des travaux, mais quand on exhuma son ancien refus de se rendre à Sasime, il quitta la ville et revint à Nazianze, pour achever dans la solitude son difficile pèlerinage sur la terre.
Il mourut en 389/390, le cœur brisé et humilié, mais les yeux fixés dans la contemplation de la Trinité ; malgré lui, il était devenu un lutteur.
Lecture
A côté des formes de baptême dont nous parle l’Écriture, j’en connais une autre : l’immersion dans les larmes ; mais elle est plus ardue : ainsi par exemple celui qui s’y soumet lave chaque nuit son lit et sa couche, il sent les cicatrices de sa méchanceté exhaler leur puanteur(...), il imite la conversion de Manassé et l’humiliation des habitants de Ninive, qui leur obtint le pardon (...).
Pour moi – car je suis homme, je l’avoue, c’est-à-dire un être mobile et d’une nature inconstante -, j’accepte de grand coeur ce baptême (de la pénitence), j’adore celui qui me l’a donné, je le transmets aux autres et je leur fais l’avance de la miséricorde pour obtenir miséricorde. Car je sais que je suis moi-même « enveloppé de faiblesse » et que je serai mesuré avec la mesure dont je me serai servi pour les autres.
Grégoire de Nazianze, d’après le Sermon 39
Prière
Seigneur Dieu, tu as donné à ton Église Grégoire de Nazianze qui a chanté admirablement tes louanges : renouvelle aujourd’hui encore cette grâce dans l’Église, pour qu’avec vigueur et sagesse elle te rende témoignage. Par le Christ, notre unique Seigneur.
Lectures bibliques
Ez 34,11-16 ; Jn 10,9-16
MARTYRS JUIFS DE RUFACH (1338)
En Franconie et en Alsace explose au XIV è siècle la persécution des Armleder, qui doivent leur surnom aux vêtements de cuir qu’ils endossent en lieu et place des armures normales des chrevaliers. Il s’agit de bandes de paysans et de vagabonds qui s’acharnent contre les communautés juives locales. Armés de scies, de pelles et de matraques, ils avancent derrière une bannière et une croix. Le 25 janvier 1338, les Armleder massacrent toute la population juive de Rufach, en Alsace. Aujourd’hui encore, le lieu du carnage est appelé Judenmatt, « pré des juifs ».
Lecture
Je ne suis pas tout-à-fait seul
Au milieu de la foule de mon peuple.
Chaque nouveau-né m’apporte de la joie ;
Je pleure à chaque mort...
Tout puits que l’on creuse me comble de joie.Aux rêves évaporés
Je chante ma funèbre prière
Et chaque lopin de terre
De chaque lieu donné
Est mesuré à genoux
Jehuda Karni, Le soleil retrouvé
Les Églises font mémoire...
Anglicans : Conversion de Paul
Catholiques d’occident : Conversion de saint Paul, apôtre (calendrier romain et ambrosien)
Coptes et Ethiopiens (16 tubah/terr) : Philothée d’Antioche (III-IVe s.) martyr (Église copte) ; Sahma (V-VIe s.), moine (Église d’Éthiopie)
Luthériens : Conversion de l’Apôtre Paul ; Heinrich Suso (+1366), mystique
Maronites : Conversion de saint Paul
Orthodoxes et gréco-catholiques : Grégoire le Théologien, archevêque de Constantinople ; Bretannion de Tomes en Scythie (+381 env.), évêque (Église roumaine)
Syrio-orientaux : Conversion de saint Paul (Église malabar)
Vieux catholiques : Conversion de l’apôtre Paul